Retrait des militaires en rue: Fin programmée de Vigilant Guardian ou communication non maîtrisée ?

capture d’écran tvlux

Le ministre Steven Vandeput a annoncé dimanche sur la chaîne flamande VTM que les militaires se retireraient progressivement des rues à partir de septembre. Ils resteraient présents sur une série d’endroits stratégiques, comme la rue de la Loi, différentes ambassades, les institutions juives et internationales. L’annonce, un peu inattendue, en plein mois d’août interpelle et les réactions notamment du côté des syndicats policiers laissent déjà entendre que la mesure ne va pas faire l’unanimité.

Il y a encore un an, personne n’aurait imaginé que l’opération Vigilant Guardian aurait un début de calendrier de fin. Tout le monde s’accordait pour dire qu’elle était appelée à durer et que les politiques ne se risqueraient pas à prendre une mesure potentiellement impopulaire. Le mois de janvier 2018 était une première étape importante et significative avec la baisse du niveau de menace qui voyait s’amorcer une régression du nombre de militaires déployés dans les rues. Du côté des syndicats, on reste prudent après l’annonce. « On ne peut réellement parler de bonne nouvelle : à ce stade, les effectifs militaires déployés ont déjà été adaptés par rapport au niveau de menace 2. Il faut donc simplement s’attendre à un système de vase communiquant entre la Défense et la Police intégrée », explique Dimitry Modaert, délégué permanent SLFP-Défense. Il est vrai qu’il est difficile de parler de fin pour une opération, qui a grandement mobilisé la Composante Terre depuis trois ans. Le retrait définitif se fera progressivement mais la Police va devoir prendre la succession et l’inquiétude se déplace vers les policiers. La mise en place du nouveau corps de sécurité, le DAB (Direction Surveillance et Protection), prend beaucoup plus de temps que prévu. Du coup, la prudence reste de mise du côté des militaires.

crédit-photo Daniel Orban/BE Defence

Le calendrier du DAB, présenté par les politiques, indiquait un premier engagement opérationnel pour septembre 2018. Une date qui correspond donc avec le retrait annoncé des militaires mais avec quels hommes ? En juin, on pouvait estimer qu’environ 90 militaires intégreraient le DAB. Le SLFP-Défense estime qu’avec un pourcentage actuel de réussite de quelque 50%, bien supérieur au score dans le recrutement civil de la police (5%),  ce serait finalement environ 45 militaires  qui entreront en 2018 dans le nouveau corps de sécurité. Un chiffre encore en baisse et qui est loin des 150 espérés par la police. La relève n’est pas prête d’où l’inquiétude légitime des policiers, eux aussi très sollicités ces dernières années et qui font face aux mêmes problématiques de manque de personnel que l’armée. En 2019, les critères pour postuler au DAB seront élargis mais cela ne sera sans doute pas suffisant pour atteindre le nombre voulu de 1.600 hommes car la formation de base est d’environ six mois après avoir passé la sélection. Alors pourquoi cette précipitation du côté du gouvernement ?

crédit-photo Photo News

« C’est une très bonne question et, malgré nos demandes dans le passé, nous déplorons comme représentants du personnel de ne pas avoir été directement informés par l’autorité… mais de l’être finalement par l’intermédiaire des médias », s’interroge Dimitry Modaert. La méthode de communication ne plaît pas. Si le ministre Steven Vandeput assure que le processus est en marche depuis plusieurs mois, l’annonce du retrait des militaires à quelques semaines de la rentrée politique surprend dans le timing alors que rien obligeait à le faire. Le cabinet du Premier ministre s’est montré plus prudent indiquant que la mesure devrait être approuvée par le prochain conseil national de sécurité prévu pour la fin septembre et que les militaires pourraient être redéployés en cas d’apparition d’une nouvelle menace. Le retrait est bien loin d’être catégorique. Les élections communales d’octobre se profilent et le ministre de la Défense Steven Vandeput est candidat-bourgmestre à Hasselt. D’ailleurs ce n’est pas anodin si la N-VA s’est empressée de remercier les militaires pour leur engagement ces dernières années sur ses réseaux sociaux comme un message envoyé aux électeurs: nous avons mis fin à Vigilant Guardian, nous soutenons le personnel militaire. Aucun autre parti de la majorité ne l’a fait. De plus, une certaine tension entre le ministre de la Défense et le Premier ministre n’est pas nouvelle. On se souvient que Charles Michel avait plus ou moins démenti Steven Vandeput sur le dossier du remplacement des F-16. Le scénario semble un peu similaire sur celui des militaires dans la rue.

 

Il est encore trop tôt pour parler de fin pour l’opération Vigilant Guardian. Les aléas restent nombreux et la polémique ne fait que se déplacer d’un cabinet à un autre. C’est désormais le ministre de l’Intérieur Jan Jambon qui doit faire face à un mécontentement.  Le gouvernement semble toutefois décidé à mettre définitivement un terme à la présence des militaires dans la rue, une mesure temporaire au départ. En revanche, la communication sur le processus reste plus que brouillon, laissant tout le monde dans l’incertitude.

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