Mesure du gouvernement Charles Michel: Les syndicats militaires ne décolèrent pas

photo Malek Azoug/ Défense belge
photo Malek Azoug/ Défense belge

La décision de relever l’âge de pension des militaires a provoqué d’abord la stupéfaction puis la colère au sein des principaux syndicats militaires qui menacent d’actions. Pourtant lors de sa déclaration de gouvernement devant la Chambre, le premier ministre Charles Michel n’a pas hésité à remercier les militaires dans la rue dans son mot d’hommage aux victimes des attentats du 22 mars, à insister sur la fiabilité de la Belgique comme partenaire de l’OTAN et donc d’un budget de la Défense en conséquence. Il a même évoqué une loi de programmation militaire en discussion au Conseil des Ministres alors qu’elle se fait attendre malgré les promesses. Mais cela n’aura pas suffi à faire passer la pilule. 

À partir de l’année budgétaire 2018 entrera en application la fin programmée des régimes spéciaux de pension dont bénéficiaient le personnel roulant de la SNCB et les militaires. La mise en pension d’office à 56 ans sera supprimée à partir du 1er janvier prochain. Les militaires qui souhaiteront poursuivre leur activité pourront le faire moyennant l’accord de leur employeur. En 2018, l’âge minimum de pension sera porté à 57 ans, puis progressivement à 63 ans en 2030. Les conditions de carrière passeront à 38 ans en 2018 puis progressivement à 42 ans en 2030. Il sera toujours possible de partir en 2030 avant l’âge de 63 ans en cas de carrière longue ou de reconnaissance de pénibilité.

Au-delà de la mesure en elle-même, c’est le timing et la brutalité de l’annonce qui a agacé les syndicats. Elle n’était pas prévue et les syndicats ont appris sa mise en place dans les médias sans aucune concertation préalable. Ils sont totalement unanimes pour condamner ce manque de reconnaissance du gouvernement envers les militaires et trouver cette mesure inacceptable, parlant d’un mépris du gouvernement. Faut-il rappeler que l’armée belge n’a jamais été autant mise à contribution depuis plus d’un an que ce soit dans les rues ou à l’étranger ? En plus de cette annonce, la menace de nouvelles fermetures de casernes n’est pas pour rassurer les syndicats. « L’engagement au risque de sa propre vie, la loyauté, l’intégrité… ne sont pas des clichés mais des valeurs-clés et une réalité », a réagi la SLFP dans un communiqué. « Le Gouvernement démontre ainsi qu’il ne témoigne pas du moindre respect pour l’engagement et la loyauté de nos militaires qui, tous les jours, s’investissent dans la sécurité de notre société », a déclaré de son côté l’ACMP-CGMP. 

L’autre incompréhension des syndicats vient de l’incohérence de la mesure avec les objectifs annoncés  à savoir le rajeunissement de l’armée et une carrière plus attractive. « Pour les jeunes militaires aussi, cela n’offre plus du tout la moindre perspective sur une carrière réaliste et attractive liée à la nature du métier militaire », dénonce ainsi l’ACMP-CGMP. En plus de l’économie de 1% soit 25 millions d’euros que va devoir faire la Défense, le ministère devra en plus prendre en charge le coût de la mise en place de la mesure de quoi le ruiner et le conduire à la faillite selon un spécialiste du dossier à l’agence Belga.

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Les syndicats militaires ont rencontré aujourd’hui le ministre de la Défense Steven Vandeput, qui leur a confirmé les informations sorties dans la presse. Après l’énorme effort que l’armée a consenti avec Vigilant Guardian, cette mesure est d’autant plus ressenti comme un affront. Les syndicats ont prévu des actions mais sans donner plus d’informations sur leur nature ou la date. Ils doivent encore se concerter.

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